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Le magazine de l'innovation hospitalière
Hygiène

Bactériologie et hygiène hospitalière : une équipe sur tous les fronts


Rédigé par Aurélie Pasquelin le Mardi 12 Juillet 2022 à 10:17 | Lu 2120 fois


Au CHU de Rennes, le laboratoire de bactériologie et hygiène hospitalière intervient au quotidien auprès de l’ensemble des équipes de l’établissement. Si le service de bactériologie est notamment chargé du diagnostic des infections, l’unité d’hygiène hospitalière s’investit plus particulièrement dans la prévention du risque infectieux et les contrôles environnementaux, prenant également part au projet de rénovation de l’hôpital.



©AP
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Implanté à Pontchaillou, sur le site principal du CHU de Rennes, le laboratoire de bactériologie et hygiène hospitalière remplit nombreuses missions qui l’amènent régulièrement au cœur des différents services de cet établissement certifié haute qualité de soins. Il s’articule autour de deux branches principales, aux activités complémentaires. Le service de bactériologie réalise ainsi le diagnostic des infections bactériennes, tout en étant chargé du contrôle bactériologique des liquides de conservation des organes et tissus destinés à la greffe, ou encore des dispositifs médicaux et des endoscopes.

Des missions qui rejoignent les objectifs de l’unité d’hygiène hospitalière en matière de prévention des infections associées aux soins. Élaborant des recommandations de bonnes pratiques au sein des différents pôles et assurant le suivi de leur application, celle-ci intervient à tous les étages du CHU pour contribuer, de manière globale, à la maîtrise du risque infectieux, en lien étroit avec les équipes médicales et soignantes. Elle organise également le recueil et le traitement des données de surveillance des infections nosocomiales, des Bactéries Multi Résistantes (BMR) et des infections du site opératoire (ISO), tout en collaborant avec le coordinateur de la gestion des risques et le Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales (CLIN) pour préparer, mettre en place, suivre et évaluer le programme annuel des actions de la lutte contre les infections nosocomiales.
 

L’eau, une surveillance nécessaire

Ces missions, que l’on retrouve chez tous ses homologues de France, « n’en demeurent pas moins primordiales », insiste Pierre-Yves Donnio, Professeur des Universités - Praticien Hospitalier au sein de l’unité d’hygiène hospitalière du CHU de Rennes. « La surveillance quotidienne des infections associées aux soins, mais aussi le suivi des bactéries hautement résistantes émergentes, s’effectuent en lien étroit avec les autorités nationales et les tutelles », indique-t-il. Mais l’unité s’intéresse également à la qualité de l’eau en réalisant des contrôles réguliers sur les secteurs sensibles comme les blocs opératoires, les salles blanches de laboratoire ou encore la pharmacie. « Moins connue, cette action ne doit pourtant pas être négligée pour garantir une bonne qualité des soins », ajoute l’hygiéniste. 
 

La formation, pivot de l’activité du service

L’une des autres activités particulièrement soutenues par l’unité d’hygiène hospitalière, c’est la formation. Réalisée auprès des professionnels de santé du CHU comme de ceux du groupement hospitalier de territoire (GHT) Haute Bretagne – dont il est l’établissement support –, elle « permet d’effectuer des rappels sur un ou plusieurs points précis, en fonction des demandes ou des besoins identifiés », confie Pierre-Yves Donnio. De la pose de cathéters à la prise en charge d’un patient atteint d’Ebola, les sujets de ces formations sont variés et dépendent des caractéristiques propres à chaque service, voire à chaque métier. Pour que chaque message atteigne sa cible, les correspondants en hygiène ont donc eux-mêmes bénéficié d’une formation dédiée.

Menée en partenariat avec un cabinet spécialisé en communication, « cette formation a été créée pour répondre à une demande forte des équipes d’hygiène, qui s’interrogeaient sur les meilleurs moyens d’orienter et de faire passer les bonnes informations », complète le praticien. Un savoir-faire notamment utile durant la crise sanitaire, pour « accentuer naturellement les messages autour de la prise en charge des patients et l’utilisation des équipements de protection individuelle », se souvient Pierre-Yves Donnio.
 

« Accompagner la sortie de crise »

La situation pandémique a d’ailleurs été particulièrement chargée pour les équipes de l’unité d’hygiène hospitalière, qui sont intervenues auprès de la communauté soignante tout en remplissant des tâches de conseil et d’expertise auprès de la direction. Comme partout, cette participation active à la gestion de la crise a amélioré la visibilité d’une spécialité parfois méconnue et renforcé l’adoption des précautions standards. La période, autant traumatisante qu’enrichissante, s’est ainsi traduite par une généralisation spectaculaire des mesures de prévention, comme en témoigne la hausse des consommations de solutions hydro-alcooliques enregistrée par les équipes d’hygiène rennaises. « Cette dynamique doit perdurer ! », insiste Pierre-Yves Donnio, qui s’inquiète d’un possible relâchement dans les mois à venir : « Pour la maintenir autant que possible, nous devons aujourd’hui accompagner la sortie de crise, en organisant des retours d’expérience de manière à adapter nos messages à la situation ».
 

Le nouveau Centre chirurgical et interventionnel, un projet de plusieurs années

C’est donc l’un des objectifs que l’unité d’hygiène hospitalière s’est fixé pour l’année 2022, tout en poursuivant son activité habituelle et en participant à des projets propres au centre hospitalier breton. Parmi ceux-ci, la modernisation du CHU initiée en 2015. Évalué à 761 millions d’euros, le projet de reconstruction, intitulé #NouveauCHURennes, prévoit le regroupement de la majorité des services sur le site Pontchaillou. Un chantier ambitieux qui devrait par exemple mener à l’ouverture, en 2024, d’un centre chirurgical et interventionnel (CCI) regroupant l’ensemble des activités opératoires et interventionnelles du CHU et du Centre de lutte contre le cancer (CLCC) Eugène Marquis.

Ce nouveau bâtiment hébergera ainsi 36 salles de blocs opératoires – hors bloc obstétrical –, 14 salles interventionnelles, cinq salles d’endoscopie, un centre de 60 places en chirurgie ambulatoire, 108 lits d’hospitalisations en soins critiques, ainsi que 240 lits d’hospitalisations et de soins spécialisés en chirurgie. Eu égard à son envergure, de nombreux services et commissions sont appelés à s’exprimer. Le laboratoire de bactériologie et hygiène hospitalière est tout naturellement concerné, en particulier en ce qui concerne les recommandations de bonnes pratiques de prévention du risque infectieux, la mise en place des réseaux et des flux, ou encore la prise en compte des exigences normatives. Particulièrement variées, les missions de conseil de l’équipe d’hygiène s’intéressent à tous les pans de la création d’un nouveau bâtiment. Un rôle « primordial », insiste Pierre-Yves Donnio qui y voit le moyen « d’assurer la sécurité des patients, dès la conception du bâtiment ».  
 

Le Pr Pierre-Yves Donnio, Praticien Hospitalier au sein de l’unité d’hygiène hospitalière du CHU de Rennes. ©AP
Le Pr Pierre-Yves Donnio, Praticien Hospitalier au sein de l’unité d’hygiène hospitalière du CHU de Rennes. ©AP
Le Professeur Pierre-Yves Donnio, hygiéniste et biologiste

Professeur des universités - praticien hospitalier depuis une quinzaine d’années, le Pr Pierre-Yves Donnio est issu d’une formation de microbiologie générale. Pendant près de trente ans, il a ainsi travaillé dans les domaines de la microbiologie et de la bactériologie avant de s’orienter vers l’hygiène hospitalière. « Si les approches sont différentes, les deux spécialités sont entièrement complémentaires », constate l’intéressé tout en confiant son attrait pour les volets de prévention et de communication, « si présents dans le métier d’hygiéniste ».         
 






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